Les 16 et 17 juillet 1942 a eu lieu la rafle du Vél d'Hiv. Peut-on commémorer un événement tragique de l'histoire de France ?
La réponse est oui, car "commémorer" signifie étymologiquement "se souvenir avec, ensemble", et non "célébrer".
Il existe en France un Haut Comité aux commémorations nationales. Dépendant des Archives nationales, ce comité assure la mission de "de conseiller le ministre pour définir les objectifs et
les orientations de la politique des célébrations nationales" et cela "en établissant la liste des anniversaires à venir, en conseillant les
porteurs de projets, en coordonnant si nécessaire les initiatives et en
veillant à leur valorisation, en diffusant l’information sur les
célébrations et manifestations annoncées". (https://francearchives.fr/article/38299).
En 2011, pour les 50 ans de la disparition de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), très proche des milieux d'extrême droite et antisémites lors de l'Occupation, mais auteur de chefs d'oeuvre comme Mort à crédit ou Voyage au bout de la nuit, le Haut comité aux commémorations nationales parvient à convaincre "le ministère et l'opinion qu'on peut commémorer sans célébrer" (L'Histoire, mars 2018, n°445, p.6), commémorer le génie littéraire sans célébrer l'homme qui a été l'auteur de violents pamphlets antisémites et qui a accompagné le maréchal Pétain dans sa retraite à Sigmaringen en 1944 après le débarquement des Alliés.