Hi-Gé

Programmes, liens, prolongements de formations, propositions de didactisations, compte-rendus, fiches, synthèses, débats permettant de faire le lien entre histoire et géographie universitaires et enseignées. Blog de mutualisation d'un historien-géographe, enseignant-formateur de professeurs des écoles, destiné aux étudiants, aux enseignants stagiaires et titulaires en formation.

Deux citations en exergue rappelant l'importance de nos disciplines en société : "Homère est nouveau ce matin, et rien n'est peut-être aussi vieux que le journal d'aujourd'hui" (Charles PEGUY) ; "Si tu veux de la vérité, apprends la géographie : c'est elle qui dicte les commencements" (Erik ORSENNA, Mali, ô Mali, Paris, Stock, 2014).

mardi 23 mai 2017

La vidéo en classe : cadrage, usage(s) et précaution(s)



Le respect des droits d'auteur

Dans tous les cas, la pratique des enseignants s'inscrit dans le cadre du code de la propriété intellectuelle et des droits d’auteurs et droits voisins. Le droit d’auteur protège les œuvres du seul fait de leur création, même inachevée. On peut distinguer le droit moral qui est perpétuel (citation, référence, intégrité, etc.) et les droits patrimoniaux (usages, rémunération, etc.) qui dure (sauf quelques exceptions) 70 ans. Après l’extinction des droits patrimoniaux, l’œuvre tombe dans le domaine public et devient librement utilisable. Mais une œuvre, même tombée dans le domaine public, conserve les droits liés à sa fixation (sur un DVD par exemple), à sa diffusion (télévisée, VOD, Netflix). Cela s’appelle les droits voisins, et ceux-ci courent sur 50 ans.

L'exception pédagogique au droit d'auteur

Le  BO du 3 août 2006 prévoit cinq exceptions (article L. 122-5), dont l'une concerne l’enseignement et la recherche : la représentation ou la reproduction d’extraits d’œuvres à des fins exclusives d’illustration dans le cadre de l’enseignement et de la recherche est autorisée sous réserve que cette reproduction ne donne lieu à aucune exploitation commerciale et qu’elle est compensée par une rémunération négociée. Au BO n°5 du 4 février 2010, on trouvera l’accord sur l’utilisation des œuvres cinématographiques et audiovisuelles à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche. Cet accord est conclu entre le Ministère de l'Education nationale (et la Conférence des Présidents des Universités) et la Société des producteurs de cinéma et de télévision (PROCIREP, indemnisée annuellement). Cet accord devait couvrir la période 2010-2011. Aucune nouvelle donnée doit laisser croire à sa tacite reconduction.

Une diffusion intégrale en classe est possible, si l'oeuvre a fait l'objet d'une diffusion hertzienne non payante

Les « œuvres libérées de droits pour la classe » sont celles diffusées sur les chaînes hertziennes non payantes. Il est donc possible de diffuser aux élèves un film diffusé sur une grande chaîne (exemple : Titanic sur TF1 pour évoquer l'industrialisation au XIXe et au début du XXe siècle) ou un documentaire (Documentaire Arte La grotte Chauvet par exemple), sans les limiter à de courts extraits.
Restent hors de l’accord Canal+ (en crypté), les chaînes payantes de la TNT, les chaînes uniquement diffusées sur le câble et/ou le satellite, les chaînes de télévision sur Internet, les services VOD. Attention : les accords ne sont pas rétroactifs (les émissions d’avant 2007 ne sont pas concernées, sauf rediffusion). Enseignants et documentalistes peuvent les utiliser pour des usages pédagogiques, en mentionnant les auteurs (sauf si l’exercice consiste à les reconnaître). Les « reproductions temporaires » sont permises (sur tout support) uniquement dans le cadre des besoins pédagogiques. Le terme temporaire peut aller jusqu’à l’année scolaire, pas plus (mais rien n’est explicitement écrit là-dessus). Attention : nous n’avons pas le droit de créer une base de données d'enregistrements puisqu’ils sont « temporaires ». De même, nous n’avons pas le droit de donner ces enregistrements aux élèves. Signalons que ce caractère temporaire sert à protéger les droits des auteurs et producteurs puisque souvent ces émissions donnent ensuite lieu à une sortie commerciale.
 
Pour le reste, se limiter à des extraits

En ce qui concerne les œuvres acquises dans le commerce, nous avons le droit d’utiliser des extraits à des fins pédagogiques, mais nous ne pouvons pas distribuer cet extrait, ni utiliser une œuvre dans sa totalité. Un extrait est limité à six minutes et inférieurs au dixième de la durée totale de l’œuvre. Si plusieurs extraits d’une même œuvre sont utilisés, la durée totale de ces extraits ne devra pas excéder 15 % de la durée totale de l’œuvre.

Consulter le site internet d'éducation aux langues pour voir quelles restrictions s'appliquent aux extraits musicaux, aux partitions, aux imprimés.

Et lorsqu'une vidéo se trouve en accès libre sur internet, puis-je l'utiliser en classe ?

Les vidéos disponibles sur internet (youtube, dailymotion ou autres) sont soumises au code de la propriété intellectuelle et aux lois en vigueur. Leur récupération et leur usage dépendra de la nature de l’œuvre mise en ligne et du cadre spécifique défini. Leur présence en ligne dépend d'un contrat entre éditeurs et établissement scolaire (INA), soumission aux lois en vigueur (sites de partage de vidéos. C'est donc la plate-forme qui met la vidéo en ligne qui est responsable de la rémunération des droits d'auteurs (souvent, même, cliquer sur une vidéo rapporte à son éditeur une somme d'argent à chaque fois que mille vues ont été atteintes). Cela dit, exposer des élèves à des vidéos en ligne ne décharge pas le professeur de toute responsabilité (contenu choquant).

Quelques règles à respecter dans tous les cas :

- usage pédagogique en classe uniquement (pas de diffusion d'un film dans le bus lors d'une sortie par exemple) ;
- obligation de citer la source : auteur, titre de l’œuvre (pour la musique, artistes-interprètes et éditeur), sauf si "l’identification de l’auteur ou de l’œuvre constitue l’objet d’un exercice pédagogique" ; 
- les œuvres utilisées doivent avoir été acquises régulièrement (pas de téléchargement sauvage pour "fixer" une vidéo en dur), mais possibilité de télécharger des documentaires des grandes chaînes hertziennes grâce au logiciel Captvty recommandé par plusieurs sites académiques ;
- pas de "distribution aux élèves, étudiants, enseignants ou chercheurs de reproductions intégrales ou partielles d’œuvres protégées" ; 
- pas de "constitution de bases de données d’œuvres et autres objets protégés, ou d’extraits d’œuvres et autres objets protégés" mais possibilité d’archivage à des fins pédagogiques. Par contre, possibilité de mettre en ligne sur l’intranet ou l’extranet de l’établissement mais uniquement si l’accès est réservé aux seuls enseignants ou élèves directement concernés. Il faut donc pouvoir contrôler l’accès (de type login / mot de passe). 

La PROCIREP et la SACEM ont légalement le droit de « procéder ou faire procéder à des vérifications portant sur la conformité des utilisations des œuvres visées » (article L. 331-2 du code de la Propriété intellectuelle).