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Programmes, liens, prolongements de formations, propositions de didactisations, compte-rendus, fiches, synthèses, débats permettant de faire le lien entre histoire et géographie universitaires et enseignées. Blog de mutualisation d'un historien-géographe, enseignant-formateur de professeurs des écoles, destiné aux étudiants, aux enseignants stagiaires et titulaires en formation.

Deux citations en exergue rappelant l'importance de nos disciplines en société : "Homère est nouveau ce matin, et rien n'est peut-être aussi vieux que le journal d'aujourd'hui" (Charles PEGUY) ; "Si tu veux de la vérité, apprends la géographie : c'est elle qui dicte les commencements" (Erik ORSENNA, Mali, ô Mali, Paris, Stock, 2014).

mercredi 28 novembre 2018

Existe-t-il un effet maître ?

Thème souvent abordé dans la littérature théorique des années 1990 et 2000, l'effet-maître désigne l'impact, sur les acquis des élèves, d'être scolarisé avec tel enseignant plutôt qu'un autre. Selon les disciplines enseignées à l'école primaire, il expliquerait de 10 à 20 % (10% pour le français, 20 % pour les sciences, dont les savoirs sont le plus souvent exclusivement construits à l'école) de variances de résultats qu'on ne peut expliquer autrement.
Néanmoins, aucun outil de recherche incontestable n'a permis de mesurer avec objectivité cet effet-maître, que tous les enseignants souhaitent positifs, et le thème est moins abordé dans la littérature théorique des années 2010, préférant s'intéresser directement aux pratiques enseignantes, à l'enseignement explicite.
Pourtant, à l'école primaire où l'équation une classe = un maître est de mise, l'effet-maître et l'effet-classe sont sans doute davantage liés que dans le secondaire.
Les travaux de Pascal Bressoux, professeur des universités en sciences de l'éducation à Grenoble, qui fait autorité sur cette question, sont résumés dans ce document.

Extrait :

Il est dans un premier temps difficile de distinguer ce qui relève de l’« effet-classe » ou de l’« effet-maître », c’est-à-dire ce qui, dans les réussites ou les difficultés des élèves, s’explique par des données sociologiques (la classe) et par la personnalité et/ou l’activité de l’enseignant (le maître). A l’école élémentaire, la classe et les pratiques et comportements spécifiques de l’enseignant ont un impact sur le travail des élèves : « entre 10 et 18% de la variance des acquis des élèves » (Bressoux, 2011, p.222) ; autour de 10% en ce qui concerne les apprentissages en lecture et écriture, et au-delà de 15% pour les mathématiques et les sciences, disciplines pour lesquelles la construction des savoirs dépend le plus souvent exclusivement de l’école. L’« effet-maître » ne peut être saisi qu’indirectement en éliminant les paramètres relevant de l’« effet-classe ». Les deux, liés, voire qui « se confondent » (Bressoux, 2001, p.38) semblent être plus forts que l’appartenance à une catégorie sociale, et sont « plus élevés pour les élèves faibles que pour les élèves forts » (Bressoux, 2011, p.223). Un maître est considéré comme bon lorsqu’il est efficace et équitable. « L’efficacité peut être définie comme la capacité à élever le niveau moyen d’une classe » (Bressoux, 2001, p.39) et l’équité comme « la capacité à réduire les écarts initiaux des élèves (entre forts et faibles, entre garçons et filles, entre origines sociales favorisée et défavorisée, etc.) » (Bressoux, 2001, p.40). Or, pour l’auteur, « cette efficacité n’est jamais que le produit d’une interaction entre un enseignant et des élèves » (Bressoux, 2001, p.41). L’« effet-maître » ne réside donc pas dans les qualités propres de l’enseignant, mais dans le type de relation qu’il a su instaurer avec ses élèves.

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