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Programmes, liens, prolongements de formations, propositions de didactisations, compte-rendus, fiches, synthèses, débats permettant de faire le lien entre histoire et géographie universitaires et enseignées. Blog de mutualisation d'un historien-géographe, enseignant-formateur de professeurs des écoles, destiné aux étudiants, aux enseignants stagiaires et titulaires en formation.

Deux citations en exergue rappelant l'importance de nos disciplines en société : "Homère est nouveau ce matin, et rien n'est peut-être aussi vieux que le journal d'aujourd'hui" (Charles PEGUY) ; "Si tu veux de la vérité, apprends la géographie : c'est elle qui dicte les commencements" (Erik ORSENNA, Mali, ô Mali, Paris, Stock, 2014).

mercredi 10 mai 2017

Question d'oral CRPE histoire : quelles sont les grandes périodes historiques, et peut-on découper l'histoire "en tranches" ?

Il existe, traditionnellement, quatre grandes périodes :
- l'Antiquité, de l'invention de l'écriture (vers 3000 av. n.è. en Egypte et en Mésopotamie) à la chute de l'Empire romain d'Occident (476 ap. J.C.) suite aux migrations barbares. A noter que l'Empire romain d'Orient, ou byzantin, avec pour capitale Constantinople, se poursuit autour du Bassin oriental de la Méditerranée, jusqu'en 1453, date de la prise de la ville par les Turcs.
- le Moyen Age (sans tiret, s'il vous plaît, et préférer l'adjectif "médiéval" à "moyenâgeux" pour qualifier cette période), de 476 à 1492, date de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et de la reprise de Cordoue aux Arabo-musulmans par les princes espagnols chrétiens. Problème : Christophe Colomb n'avait pas conscience d'avoir découvert un nouveau continent, et les Vikings y avaient déjà posé le pied vers l'an mil, tout comme les Chinois qui le découvrent en 1421.
- la période moderne, qui va de 1492 à 1789, date de la Révolution française
- la période contemporaine, qui va de la fin de la Révolution française (1815 le plus souvent) à nos jours. Il est parfois question d'"histoire du temps présent" pour l'histoire la plus récente.

Ces découpages traditionnels restent encore en vigueur dans le monde universitaire. A noter l'incertitude de la place qu'occupe la Révolution française et la période de l'Empire napoléonien, entre deux "grandes périodes", l'histoire moderne et l'histoire contemporaine. L'IHRF (Institut d'Histoire de la Révolution française, à Paris-I) a été supprimé en 2015.

En 2014, l'historien médiéviste de renom Jacques LE GOFF (spécialiste de saint Louis) a publié Faut-il vraiment découper l'histoire en tranches ? Importante pour disposer de repères commodes, la séparation en 4 grandes périodes apparaît aujourd'hui comme artificielle et centrée sur le monde occidental, oubliant l'histoire des autres continents. De plus, les êtres humains qui vivaient en 476, 1492 ou 1815 n'avaient pas conscience de basculer d'une civilisation vers un monde tout neuf. L'étude des continuités et des ruptures invite aujourd'hui les chercheurs et les enseignants à se préoccuper davantage des articulations de périodes différentes que l'étude séparée des époques pour le goût d'une connaissance cloisonnée des périodes académiques. Exemple : le XVIIIe siècle et le XIXe siècle étudiés ensemble pour comprendre comment est né notre monde moderne (politiquement, économiquement, culturellement), et non plus séparément, comme si la Révolution française interdisait de suivre une évolution avant 1789 et après 1815. En Allemagne, les historiens considèrent ensemble le XVIIIe et le XIXe siècle comme la Sattelzeit, c'est-à-dire la période où les choses se mettent en place (i.e. les Etats modernes en Europe).

Aux Etats-Unis, l'historien David L. Smail milite depuis les années 2000 pour une Deep History, une "histoire profonde". Il considère que l'invention de l'écriture a trop longtemps séparé artificiellement la Préhistoire de l'Antiquité. Il encourage les chercheurs à adopter une temporalité plus longue qui enjambe les deux périodes séparées traditionnellement, à se débarrasser des récits des origines des différentes civilisations qui s'apparente souvent à une histoire sacrée, et à s'ouvrir aux sciences de la vie et aux sciences cognitives. Dans un livre paru en 2008 sur l'histoire du cerveau humain, Smail, qui a travaillé avec des ethnologues, des généticiens, des primatologues, tente de démontrer l'influence des régimes alimentaires sur l'évolution du cerveau, les liens entre préparation des plats et formes de socialisation, la reconnaissance de parenté, du groupe et la mise en perspective des migrations des hominidés.

Dernière mise à jour : 30 juillet 2018.

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